Charlie Wilson’s War (La
Guerre selon Charlie Wilson)
Un film de Mike Nichols
D’après l’œuvre de George
Crile
Avec Tom
Hanks, Julia Roberts, Philip Seymour Hoffman, Amy
Adams, Emily Blunt…
Il est étonnant de voir la versatilité de Mike Nichols, qui sait se renouveler film après film, avec un brio dont il ne se départ pas. Etonnant aussi de voir Tom Hanks dans le rôle du sulfureux Charlie Wilson, homme politique épatant dont l’engagement en Afghanistan dans les années 80 a permis la déroute de l’invasion russe.
L’inspiration de Nichols puise dans l’œuvre de George Crile, récit des aventures du politicien. Echo certain à la guerre actuelle en Irak et évidemment en Afghanistan, cette dernière héritière bien malgré elle du conflit russo-afghan, ce film décrypte brillamment les arcanes du pouvoir américain et la puissance des réseaux parallèles, lobbys en tout genre, groupe de pression manipulateurs de la politique intérieure comme étrangère.
Charlie Wilson su exploiter tant les services secrets que ces fameux lobbys pour lever les fonds nécessaires qui serviront à armer l’armée afghane et faire sombrer celle du grand ennemi russe. Agrémenté d’images d’archives éloquentes, le film de Nichols nous renvoie plus douloureusement au présent. En effet, comme il est énoncé dans l’épilogue, d’une phrase de Charlie Wilson lui-même, l’abandon par les américains des afghans, une fois l’ennemi russe bouté hors du territoire, a conduit à l’extrémisme religieux qui s’est exprimé à travers la voix et les actes des talibans, poursuivant ainsi une lutte, une guerre qui continue aujourd’hui d’exister et de décimer le peuple afghan par ses conséquences dramatiques.
Tom Hanks, dans un rôle où nous ne l’attendions pas, réussit pourtant à effacer son image lisse et à se glisser avec le talent que nous lui connaissons dans celle d’un politicien border line, entouré de jolies femmes et de scandales peu au goût de certains amis républicains. A ses côtés, Julia Roberts est impeccable dans le rôle d’une riche amie qui aidera le sénateur à lever des fonds inespérés pour sa cause, même si les objectifs, différents, sont à peine dissimulés. Philip Seymour Hoffman continue de nous impressionner dans chacun des rôles qu’il compose, brillant en tous points par la qualité de son jeu et son effacement derrière le personnage qu’il interprète, ici celui de Gust Avrakotos, l’agent de la CIA qui sera le véhicule de la lutte de Charlie Wilson sur le terrain, par son expérience et sa connaissance des évènements.
Un film édifiant, drôle par moments, mais qui est un écho difficile à la situation politique d’aujourd’hui en Afghanistan et plus loin encore, en Irak. L’enfer est pavé de bonnes intentions.
Arnaud Meunier
20/04/2008